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Au Royaume-Uni, les éleveurs laitiers face aux défis environnementaux

Selon le dernier recensement de 2023, le cheptel bovin britannique atteindrait les 9,6 M de têtes.

Revenu, main d’œuvre, normes environnementales… les éleveurs laitiers anglais ont les mêmes soucis que nous. Mais ils ont également quelques opportunités à saisir d’après Paul Tompkins du « National farmer union ». Focus sur la filière laitière post-Brexit.

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« Où qu’on soit éleveur, on a finalement les mêmes préoccupations. » Ce sont les mots de Paul Tompkins, éleveur laitier britannique. « On se dirige vers 10 milliards d’habitants sur la planète, tous avec des revenus en hausse. Et de notre côté, on leur offre un extraordinaire produit qu’est le lait. Nous devons continuer à le produire et nous avons un potentiel à exploiter mais nous n’y parviendrons pas si nous ne travaillons pas tous ensemble. »

Cet agriculteur installé dans le Nord-Est de l’Angleterre élève 450 vaches laitières sur 250 ha d’herbe, maïs et blé. Il est aussi le président de la branche lait du conseil national de l’agriculture au Royaume-Uni. Invité sur le plateau TV de Web-agri au Sommet mondial du lait en octobre dernier, il pose le contexte : « Chez nous, les exploitations s’agrandissent. Les fermes qui livraient 1,5 M litres de lait hier en livrent aujourd’hui 1,7 M. Les agriculteurs investissent massivement dans les nouvelles technologies. » Mais il complète : « Ils investissent des sommes importantes pour continuer à produire toujours plus mais ils ne sont pas si rassurés. Leur confiance a été ébranlée ces dernières années par le marché, les habitudes de consommation qui changent et la pression politique. »

Des contrats avec les transformateurs

« Pour regagner la confiance des producteurs, le gouvernement vient d’introduire une nouvelle législation qui définit les critères d’accord entre agriculteurs et transformateurs. D’ici juillet 2025, tous les transformateurs devront avoir un contrat conforme à la nouvelle règle. Cela donnera une relation plus professionnelle entre éleveurs et transformateurs, et surtout avec un prix du lait défini. »

Car le problème est le même qu’en France en ce qui concerne la commercialisation des produits, notamment sur le partage de la valeur. « La marge des éleveurs est très faible, où va l’argent ? », questionne Paul Tompkins. Autre réalité, les normes : « Les consommateurs nous en demandent toujours plus. Mais au final au supermarché, ils se tournent vers les prix les plus bas ! »

La demande change

En ce qui concerne la demande justement, elle semble évoluer. Chez les Anglais, grands buveurs de thé, le lait frais était le débouché numéro 1 du lait livré, « mais la consommation baisse depuis un certain temps et les nouvelles générations se tournent plutôt vers des produits laitiers. » Les industriels s’adaptent : ils investissent pour transformer de nouveaux produits. « Certaines laiteries développent la mozzarella, d’autres installent du séchage… C’est une période passionnante pour l’industrie de la transformation. Reste à faire correspondre l’offre et la demande pour ne pas déséquilibrer le marché. »

Le Brexit change les règles du jeu du côté des aides

Quid du Brexit ? « Les choses ont changé », explique l’éleveur : « Les aides économiques diminuent d’année en année. Pour 2024 par exemple, j’ai perçu la moitié seulement des aides que je percevais avant le Brexit. Et en 2027, on ne sera plus sur le régime de la Pac. À la place, le gouvernement mise sur des aides en faveur de l’environnement. »

Pour atteindre le montant qu’il a toujours plus ou moins perçu, Paul a implanté de nouvelles cultures de couverture des sols ainsi que des haies. Il en reste perplexe : « Dans ce système, il s’agit d’aider les pratiques agricoles favorables à l’environnement, mais pas nécessairement à la production alimentaire… ».

Selon lui, le prochain sujet brûlant au Royaume-Uni concernera la qualité de l’eau. « On a parfois des problèmes de pollution des cours d’eau. Il va falloir revoir notre stratégie autour des déjections humaines, mais aussi nos pratiques agricoles avec de nouvelles normes sur la production et la gestion des effluents d’élevage. » Un programme national semble dans les tuyaux. Viennent ensuite les sujets du carbone et de l’empreinte environnementale et en troisième volet le bien-être animal, « un levier pour regagner la confiance des consommateurs ».

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